Réathlétisation : entre rééducation et préparation physique
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La réathlétisation : entre rééducation et préparation physique

Table des matières

Hermann Maier a décroché 54 victoires en Coupe du Monde et 4 médailles Olympiques pendant sa carrière de skieur. Pourtant « Herminator » a bien failli ne jamais pouvoir rechausser les skis.

En 2001, le skieur alpin chute gravement à moto lors d’un accident de circulation. La blessure est grave : Hermann souffre d’une fracture ouverte à la jambe droite et de multiples déchirures. Ses muscles sont tellement abîmés que les médecins craignent des complications rénales et envisagent de lui amputer la jambe droite.

Seulement 4 ans plus tard, Maier est sacré Champion du Monde de slalom géant à Bormio.

Hermann Maier ne pouvait plus marcher après sa blessure, et a finalement pu non seulement retourner à la vie sportive, mais aussi participer – et gagner – au sport de compétition au plus haut niveau.

Alors, quel est le secret d’un come-back sportif réussi ?

La réponse : une bonne réathlétisation.

La réathlétisation, qu’est-ce que c’est ?

Rééducation > Réathlétisation > Préparation physique

L’objectif de la rééducation est de vous permettre de retourner dans le meilleur état possible à la vie normale.

Dans la vie courante, vous pouvez avoir l’impression d’avoir complètement récupéré.Alors que dans la pratique sportive, votre corps n’est pas forcément encore prêt.

Toutefois, le kinésithérapeute n’a pas pour rôle d’être préparateur physique.

Sinon tout le monde irait faire du sport payé par la sécurité sociale chez son kiné au lieu de s’inscrire en salle de sport.

D’un autre côté, un préparateur physique travaille avec des sportifs pour leur permettre d’améliorer leurs performances afin d’atteindre un objectif particulier.

Ce qui implique d’optimiser la charge de travail, solliciter tous les facteurs de la performance et d’équilibrer la récupération afin d’éviter les blessures tout en assurant la meilleure progression possible.

Le truc,
C’est qu’il y a une zone « creuse » entre la rééducation et la préparation physique.

Même si vous êtes à nouveau capable de marcher ou de lever votre bras sans douleur, vous ne pouvez pas encore courir en changeant rapidement de direction, résister à un plaquage ou lancer un ballon à pleine puissance.

C’est là que la réathlétisation se situe : entre rééducation et préparation physique.

En premier vient la rééducation

Même si une bonne préparation physique diminue le risque de blessures, si vous êtes déjà blessé, il va falloir faire les choses dans l’ordre.

Généralement, la rééducation a lieu dans trois cas de figures :

1. Une blessure chronique a dépassé un stade critique, les tissus sont traumatisés par des frottements et de l’usure abusive

Ces blessures peuvent être causées par une disposition anatomique favorisant certaines blessures, mais il s’agit plus fréquemment d’un mauvais schéma de mouvement – une mauvaise technique – répété jusqu’à ce que les articulations, les tendons ou d’autre tissus finissent par s’abîmer.

C’est par exemple souvent le cas des tendinites de l’épaule.

Quand vous adoptez une mauvaise posture avec le dos voûté, vos épaules « roulent » vers l’avant.

A ce moment là, les os, ligaments et tissus ne sont plus parfaitement situés dans l’axe de l’articulation.

Si vous levez le bras depuis cette position, le tendon du supra-épineux peut par exemple venir frotter contre des parties osseuses dures, comme l’acromion.

Pour imager :

C’est comme si vous frottiez un élastique tendu contre un caillou.

L’élastique se fait râper à chaque passage. C’est ce qui provoque l’inflammation et les douleurs.

Au bout d’un moment, si vous continuez de frotter l’élastique contre le caillou, vos muscles ou vos tendons peuvent finir par se rompre.

L’objectif de la rééducation à ce stade est donc de permettre le repos des structures abîmées pour mettre un terme à l’accumulation des dégâts, favoriser la cicatrisation, puis corriger le mouvement.

En effet, si le mouvement n’est pas corrigé, le patient soigné risque de provoquer à nouveau la même blessure.

Il est donc nécessaire d’intervenir à la source du problème :

En corrigeant le mouvement qui provoque les douleurs et l’usure, le corps peut enfin utiliser ses capacités naturelles de récupération pour se régénérer.

2. Les blessures ne nécessitant pas d’intervention chirurgicale

J’ai probablement eu ma première entorse sérieuse vers l’âge de 15 ans.

Accident bête – comme toujours – où j’ai mal reposé mon pied sur le bord d’un trottoir. Ma cheville s’est mise à gonfler, et moi à boitiller, mais ça avait l’air de passer.

Alors j’ai continué ma vie normalement. Sans aller consulter, jusqu’à ce que ça passe.

Et c’est passé.

Sauf que quelques semaines après seulement, je me suis à nouveau tordu la cheville pendant un footing. Cette fois-ci, la douleur semblait plus importante.

Alors je suis allé voir mon médecin, qui m’a prescrit mes premières séances de rééducation.

A partir de là, j’ai eu l’impression d’entrer dans un cycle sans fin :

Je me tordais tout le temps la cheville, j’allais en rééducation, et ça recommençait.

A tel point qu’au bout d’un moment, quand je me suis à nouveau tordu la cheville, je me suis dit :

« Je sais ce que c’est de toute façon, pas besoin d’aller voir le médecin ou de faire de la kiné. Je connais les exos, ça ne va rien changer et j’ai l’habitude. »

Dans les cinq années qui ont suivi, je me suis donc à nouveau tordu les chevilles plusieurs fois.

A tel point que j’étais surnommé « le colosse aux pieds d’argile ».

Malheureusement,
ça ne s’arrête pas là.

Après les chevilles, j’ai commencé à me tordre le genou.
Jusqu’à ce que je me fasse une rupture complète des ligaments croisés.

Je me suis fait opérer du genou, ce qui a causé quelques complications sur lesquelles je reviendrai dans la partie suivante.

Mais après ça,
J’ai continué à me tordre la cheville.

Il fallait faire quelque chose.

A vrai dire, les accidents de la vie quotidienne ou sportive sont un des principaux motifs de rééducation.

C’est le cas par exemple des entorses et des déchirures musculaires.

Ces blessures sont souvent sans gravité immédiate.
C’est-à-dire qu’avec le temps, le corps finit par cicatriser tout seul et la douleur s’estompe.

Du coup, beaucoup de personnes négligent leur rééducation. Comme je l’ai fait.

Pourtant ces accidents « sans gravité » laissent des séquelles quand ils ne sont pas pris en charge correctement.

Par exemple les capteurs proprioceptifs situés dans les muscles, tendons et articulations sont abîmés avec les blessures.

Ces capteurs permettent la proprioception, un sixième sens essentiel pour replacer notre corps correctement dans l’espace.

Par exemple, c’est grâce à cette perception que votre cerveau peut détecter que votre cheville n’est pas bien à plat et corriger le mouvement pour éviter de vous tordre la cheville.

Quand les capteurs ou les signaux sont altérés, votre cerveau ne peut plus recevoir ces informations correctement et votre risque de blessures augmente.

C’est pour ça qu’il y a tant de récidives et d’entorses à répétition.Le problème, c’est que votre corps risque de créer des compensations après plusieurs récidives.

Votre schéma moteur devient altéré. C’est-à-dire que vous « trichez » pour faire certains mouvements et éviter les positions qui vous font mal.

Mais cette stratégie cause elle aussi d’autres problèmes :Quand vous ne bougez pas « correctement », vous mettez en danger d’autres parties de votre corps qui ne sont pas faites pour bouger de cette façon.

C’est par exemple pour ça que j’ai commencé à avoir des entorses au genou après les entorses à la cheville.

Le kinésithérapeute joue un rôle clé dans votre rééducation à ce moment-là.
Une bonne rééducation vous permet de limiter les séquelles.

3. La rééducation post-opératoire

Après une intervention chirurgicale – qu’elle soit planifiée ou réalisée en urgence – votre corps a besoin de cicatriser.

Dans le cadre de cet article, je parle spécifiquement des opérations qui concernent l’appareil locomoteur :

  • Fractures,
  • Déchirures,
  • Réparation ligamentaires,
  • Prothèses…

Ces interventions ne sont jamais sans effets secondaires.
Comme par exemple :

  • Une perte de force,
  • Une atrophie musculaire ou perte de muscle,
  • Une fragilisation,
  • Une perte fonctionnelle plus ou moins définitive.

Les conséquences post-opératoires nécessitent une attention particulière à la fois pendant la phase de rééducation et pendant la phase de réathlétisation.

Pour qui est la réathlétisation ?

Cet article concerne la réathlétisation suite à une blessure chronique ou une opération au niveau de l’appareil locomoteur.

Les traumatismes atteignant d’autres systèmes – comme le système neurologique, respiratoire ou digestif – ne seront pas développés.

Bien que les principes fondamentaux puissent s’appliquer de manière générale, certaines situations nécessitent une approche complémentaire.

Les objectifs de la réathlétisation

L’objectif premier est de retourner à la vie sportive.

Tous les paramètres de la performance et de la sécurité physique doivent être pris en compte :

  • La force et la stabilité
  • La vitesse et l’explosivité
  • L’endurance musculaire et cardiovasculaire
  • La souplesse et la mobilité
  • La proprioception et l’équilibre
  • Les schéma moteurs et la technique
  • La coordination et le temps de réaction

La force et la stabilité

Pour bouger, il faut forcer

Même si les différents facteurs de la performance de sont pas listés par ordre d’importance, il faut avouer que la force est sûrement la caractéristique première d’un muscle.

Sans force, il n’y a pas de mouvement.

Imaginez une situation réelle :

Vous venez de vous faire opérer du genou il y a quelques heures.
Et vous êtes encore allongé dans le lit d’hôpital. Vous ne pouvez pas vraiment en sortir de toute façon.

Le kinésithérapeute vient vous rendre visite pour vérifier où vous en êtes.Et il commence par vous demander un exercice simple :

Tout en restant allongé, tendez la jambe complètement, puis essayez de décoller le talon du lit.

Simple. Tout le monde y arrive non ?

Et bien, je n’ai pas réussi en tout cas. Malgré y avoir exercé toute ma volonté.

Pourquoi ?

Parce qu’après l’opération, je n’avais plus aucune force.

Et que la force est nécessaire pour initier le mouvement.

Courbe Force Vitesse

Courbe Force-Vitesse. D’après Pertuzon, 1972

Quand la vitesse est nulle (en bas à gauche de la courbe en pointillé), c’est à ce moment là que la force requise est la plus élevée (en haut à gauche de la courbe pleine), parce qu’il faut initier le mouvement.

Après, il faut moins de force grâce à l’inertie.

Par exemple, si vous poussez une voiture à l’arrêt, le plus dur est de la mettre en mouvement. Ensuite, quand elle commence à prendre de la vitesse, c’est de plus en en plus facile.

Il faut au minimum être plus fort que la gravité pour soulever un de nos membres ou notre corps.

Et ça, c’est particulièrement important.C’est ce qui rend certains mouvements trop difficiles.

Si vous n’arrivez pas à faire de situps sans prendre d’élan, c’est probablement parce que vos abdominaux manquent de force.

Quand vous n’avez pas suffisamment de force pour réaliser un mouvement correctement, vous « trichez ». Par exemple, en utilisant vos bras pour vous donner de l’élan pendant un situp.

Parfois, ce n’est pas grave.

Souvent, cela signifie que vous ne faites pas le mouvement correctement. Ce qui place vos articulations dans une position risquée. Ce qui peut donc favoriser à nouveau les blessures.

La force assure la stabilité articulaire

La force ne sert pas seulement à bouger, elle sert aussi à stabiliser.

Les muscles posturaux par exemple sont actifs toute la journée pour vous permettre de vous tenir debout sans tomber. Ou assis tout tout en restant droit. Ils luttent en permanence contre la gravité.

Au niveau articulaire, les muscles, tendons, ligaments et fascias jouent ensemble un rôle pour assurer la stabilité.

Au niveau de l’épaule par exemple, l’humérus (l’os du haut du bras) n’est pas soudé à la scapula (l’omoplate).

En fait, sans peau, fascias, muscles ou ligaments, l’os du bras ne peut pas tenir contre l’omoplate et tombe.

image

 

Les os de l’épaule, ou complexe glénohuméral

Les muscles jouent un rôle capital dans le soutien des articulations.

Mais les muscles font bien plus que ça pour assurer la stabilisation de nos articulations.

Vous vous rappelez des balançoires « tape-cul » ?

Vous savez, la poutre en bois en équilibre au milieu.

Je suis sûr que tous les petits-frères comme moi en ont été traumatisés par leur grande sœur qui s’amusait à les faire décoller le plus haut possible.
(D’ailleurs, je pourrais envisager ma vengeance maintenant que je suis plus lourd !)

Imaginez deux enfants qui jouent ensemble sur la balançoire.
Il peut y avoir deux cas de figure :

Soit les enfants font à peu près le même poids. Et dans ce cas, le jeu est équilibré.

Soit un des deux enfants est plus lourd que l’autre.
Dans ce cas, l’enfant le plus léger ne peut pas contrebalancer le poids de l’enfant le plus lourd.

La balance est déséquilibrée et l’enfant le plus léger risque de se blesser. (Ou tout du moins de se faire une frayeur.)

Et bien les articulations sont un peu comme cette balançoire.

Les muscles exercent une force de chaque côté de l’articulation pour la faire bouger dans un sens ou dans l’autre. Ils peuvent aussi stabiliser l’articulation quand les forces appliquées de chaque côté sont équivalentes.

Toutefois, si un des muscles est beaucoup plus fort que l’autre, alors c’est très difficile de résister et d’équilibrer pour le muscle le plus faible.

Non seulement le muscle le plus faible risque de se blesser, mais en plus l’articulation risque de ne pas être stable.

Visualisez cette exemple :

La poutre de la balançoire est votre bassin.

Si les muscles d’une jambe tirent bien plus fort vers le bas que les muscles de l’autre jambe, alors le bassin va être déséquilibré et vous allez pencher.

Bien sûr, il s’agit d’un exemple simplifié.

En réalité de nombreux autres facteurs sont à considérer, comme la tension, la longueur et le complexe articulaire.

Nous en reparlerons un petit peu plus tard.
En attendant, l’essentiel est de retenir une chose :

Pour assurer la stabilité, il faut que les rapports de forces soient équivalents.

Vitesse & Endurance

La vitesse et l’explosivité ainsi que l’endurance musculaire et cardiovasculaire relèvent plus de la préparation physique.

Toutefois, un niveau minimum de performance est nécessaire afin d’entamer une préparation sportive spécifique.

La phase de réathlétisation doit progressivement amener le sportif à être capable d’effectuer en toute sécurité des actions motrices complexes fondamentales.

Par exemple, sprinter, changer de direction, sauter et rebondir.

Tout en étant capable de le répéter un certain nombre de fois ou un certain temps, sans dégradation de la technique et de qualité du mouvement.

La notion clé est la progressivité.

Toutefois la charge d’entraînement et le volume restent des variables à mesurer avec précaution.

En phase de réathlétisation, même si le retour à la vie normale est possible, les tissus ne sont pas forcément entièrement cicatrisés. Une greffe de ligaments met par exemple plus de deux ans avant d’être entièrement intégrée.

C’est pourquoi il est important d’éviter une augmentation trop importante du volume total d’entraînement. Y compris le nombre de répétitions, de séries ou le temps de travail.

Dans ce contexte, il est intéressant de privilégier la qualité à la quantité :

Le travail par intervalles en augmentant progressivement l’intensité est particulièrement recommandé.

Ce type d’exercices permet de travailler à la fois la vitesse et l’explosivité, mais aussi la force, la puissance et également l’endurance.

L’essentiel est de toujours maintenir l’intensité suffisamment basse pour que la technique et la qualité du mouvement puisse être la plus propre possible.

Ce travail rythmé par la qualité du mouvement implique donc initialement une grande concentration, jusqu’à ce que ces mouvements puissent être réalisés quasi-inconsciemment par le sportif.

La souplesse et la mobilité

Quelle est la différence entre mobilité et souplesse ?  

La souplesse est la capacité d’un muscle a s’étirer. Elle peut être statique ou dynamique.

Quand on parle de souplesse statique, il s’agit de la capacité à tenir une position dans laquelle les muscles sont allongés pendant un certain temps. Par exemple, comme lorsque que l’on s’étire au grand écart.  

La souplesse dynamique quant à elle concerne plutôt l’amplitude de mouvement active. Par exemple si vous cherchez à balancer votre jambe le plus haut possible.  

La mobilité est une question de liberté de mouvement

Les muscles peuvent être souples passivement mais avoir une souplesse dynamique réduite.
En plus des muscles, la mobilité est impactée par tous les autres tissus comme la capsule articulaire, les ligaments, les os, les fascias et la peau.  

La souplesse passive est un prérequis à la souplesse dynamique. Et la souplesse dynamique est un prérequis à la mobilité.
Mais la mobilité est bien plus qu’une simple question de souplesse.  

C’est en quelque sorte la combinaison de votre souplesse et de votre contrôle moteur. Qui est lui-même un mélange de technique et de force. 

Le Pistol Squat est un des exercices à base de poids de corps les plus difficiles. Il demande une force importante au niveau des jambes mais également une amplitude de mouvement complète de toutes les articulations du membre inférieur, ainsi qu’un travail d’équilibre.  

En plus, il faut un bon contrôle de son corps pour réussir à réaliser l’exercice du début jusqu’à la fin.
Pour ceux qui ne connaissent pas le Pistol Squat, il s’agit d’un exercice sur une jambe – unipodal – ou le but est de descendre jusqu’au sol puis de remonter, sans s’aider des bras ou de l’autre jambe. 

https://www.youtube.com/watch?v=YnqmfX1Ah4k

La majorité des personnes n’arrive pas à faire cet exercice. Mais tout le monde n’y arrive pas pour la même raison.  

Certaines personnes n’arrivent simplement pas à tenir leur équilibre sur une jambe.  

Pour les personnes qui manquent de souplesse, il est impossible de se positionner en position accroupie sans tomber en arrière.
Il peut s’agir d’un manque de souplesse au niveau des chevilles, des genoux, des hanches ou du dos. Souvent il s’agit d’un cumul de plusieurs raideurs. 

Certaines personnes ont suffisamment d’équilibre et suffisamment de souplesse pour se mettre en position accroupie sur une jambe. Mais elles ne possèdent pas la force requise pour contrôler leur descente en partant de debout. Ou pour remonter en partant d’en bas.  

Il existe encore une autre catégorie de personnes :

Des personnes qui ont suffisamment d’équilibre, suffisamment de souplesse, suffisamment de force, mais qui malgré tout n’arrivent pas à réaliser ce mouvement.  

Pourquoi  ? 

Parce que c’est aussi une question de technique.

Pour réussir à bien exécuter un Pistol Squat, il faut être capable de contracter dans l’ordre les muscles qui permettent de de descendre et remonter. Tout en contractant continuellement les muscles qui permettent de maintenir l’équilibre et l’alignement.

C’est ce qu’on appelle la technique. Ou le contrôle moteur.  

Comme vous avez pu le voir, le contrôler moteur impacte directement votre capacité à utiliser pleinement l’amplitude dont vous disposez.  

Mais le contrôle moteur est encore plus important que ça. Voyons ça dans la prochaine partie. 

Contrôle et schéma moteur

Commençons cette partie avec un exemple simple :  

Comptez avec vos doigts jusqu’à trois.
Puis faites directement trois avec votre main.  

Félicitations ! Vous venez de réaliser une action motrice complexe.  

Pour réaliser cette action vous avez dû activer l’extenseur du pouce, puis l’extenseur de l’index et l’extenseur du majeur. Et simultanément, vous avez contracté le fléchisseur de l’annulaire et celui de l’auriculaire. 

Vous avez réalisé toutes ses actions en même temps. 

Pourtant, pour la majorité des personnes cette action est relativement simple. 

Pourquoi ? Parce que ce schéma moteur est enregistré dans notre cerveau. Un schéma moteur est en fait une séquence de commandes simples – comme tendre l’index ou fléchir le majeur. 

Au lieu de penser consciemment et effectuer toutes les commandes une par une :

  • Lever le pouce,
  • Lever l’index,
  • Lever le majeur,
  • Baisser l’annulaire,
  • Baisser l’auriculaire.

Vous êtes capable de réunir tout ça en une seule commande :

  • Faire 3.  

C’est un raccourci qui vous permet d’être plus performant et d’économiser des ressources mentales.

L’économie mentale,
C’est d’être capable de réaliser une action en arrière-plan de votre cerveau. C’est-à-dire sans avoir besoin de puiser dans votre attention et d’être capable de faire autre chose en même temps. 

Par exemple, vous êtes capable de faire trois avec votre main droite, tout en dessinant des cercles avec la main gauche et en récitant un poème. 

A l’inverse, si je vous demande de jongler à une main tout en marchant en arrière, vous allez probablement avoir besoin de toute votre concentration.(Personnellement, je ne sais pas jongler. Donc c’est vraiment compliqué.)  

Quasiment tous les mouvements que nous faisons au quotidien et toutes nos postures sont déjà enregistrés en tant que programme moteur. 

Ceci nous évite de devoir réapprendre chaque jour à faire nos lacets ou se brosser les dents.
Mais nous pouvons également apprendre de “mauvais” programmes. 

Par exemple si vous ne vous tenez pas droit, alors vous aurez tendance à retourner à votre mauvaise posture quelques secondes après avoir fait un effort pour vous redresser.  

Rassurez-vous tout de suite, tous les programmes peuvent être réécrits. Les bons comme les mauvais.
Seulement plus un programme a été utilisé, plus il faudra travailler pour le corriger.  C’est-à-dire qu’il faudra un petit peu plus de répétitions pour le réécrire.  

Mais comment réécrit-on un programme ?

Prenons un exemple simple :

Quand une personne se fait une entorse grave, les muscles, les tendons, les ligaments et les os peuvent être abîmés. La rééducation est alors longue. Et pendant cette rééducation, il est impossible de marcher correctement à cause de la douleur.
Pour ne pas avoir mal à chaque pas, cette personne est obligée d’éviter certaines positions.
Elle se met alors à boiter. C’est une forme de compensation.   

On pourrait croire que pour corriger le problème, il suffit simplement de soigner la cheville.
Une fois que les muscles et les tissus seront réparés, alors le mouvement redeviendra normal.  

En pratique, quand quelqu’un a passé des mois à boiter, alors même quand la cheville est guérie, cette personne continue à boiter pendant des mois, voire des années. 

Pourquoi ? Parce que cette personne pour cette personne, boiter est devenu la façon “normale” de marcher. 

Autrement dit, c’est devenu le schéma moteur par défaut.
La création, le renforcement, et la réécriture d’un schéma moteur se font de la même manière.  

Il faut répéter le mouvement. 

Plus le mouvement sera répété souvent, plus vite le mouvement sera appris et mémorisé. 

Au niveau physiologique, cela signifie que de nouvelles connexions neuronales sont créées pour améliorer l’efficacité du programme associé à ce mouvement. 

La gaine de myéline qui enrobe les motoneurones permettant ces actions devient plus épaisse.
Cette gaine sert à assurer l’isolation et la vitesse de transport de l’influx nerveux.
C’est-à-dire que les commandes sont envoyées plus rapidement et avec moins de risques d’interférence.  

Autrement dit, apprendre quelque chose est un peu comme essayer de se frayer un chemin à travers la jungle. 

La première fois que vous empruntez ce chemin, vous n’y arrivez pas du premier coup. Vous devez réessayer plusieurs fois. En taillant votre chemin à la machette. Votre progression est lente et laborieuse.  

Si vous réempruntez le même itinéraire rapidement après le premier essai, alors il sera plus facile de passer que la première fois. 

Mais si vous attendez trop longtemps, la jungle aura repoussé et vous devrez à nouveau faire des efforts importants pour y arriver. 

En revanche, si vous repassez régulièrement, le passage sera de plus en plus facile à pratiquer.  

Si vous empruntez ce sillon plusieurs fois par jour, le sillon va finir par devenir un chemin.
Si plusieurs personnes empruntent ce chemin plusieurs fois par jour celui-ci va encore s’élargir et devenir une route.  

Vous avez beaucoup moins de risques de vous perdre et vous allez plus vite en empruntant la route qu’en essayant de vous frayer un chemin à travers la jungle. 

C’est exactement la même chose pour les informations qui circulent à travers vos neurones. 

Quand vous essayez un mouvement pour la première fois, l’information doit chercher à se frayer son chemin à travers les neurones pour arriver jusqu’à vos muscles.

Plus vous répétez cette action, plus le chemin devient facile. 

C’est comme ça que l’on apprend n’importe quel mouvement.
Comme jouer du piano ou boiter. 

C’est aussi pour cette raison que l’on peut vite apprendre à boiter. Parce que nous faisons des milliers de pas par jour. Et que si la douleur vous pousse à répéter un mouvement incorrect des milliers de fois par jour, alors le circuit sera très vite enregistré. 

C’est pour ça que la phase de réathlétisation doit particulièrement veiller à l’apprentissage – ou au réapprentissage – des bons schémas moteurs.  

Les schémas moteurs fondamentaux : les archétypes de mouvement

Il n’est pas possible de réapprendre tous les mouvements possibles. 

L’essentiel est de se focaliser sur les mouvements de base qui constituent l’ensemble des mouvements les plus complexes. 

Par exemple, un burpee est constitué d’un squat, d’une pompe, d’une transition et d’un saut. 

Il est possible de décomposer presque tous les mouvements complexes en mouvements fondamentaux.

L’acquisition de ces mouvements permet d’être à l’aise avec n’importe quelle activité :

  • la marche,
  • la course,
  • le squat,
  • le soulevé de terre,
  • les fentes,
  • les pompes,
  • les dips,
  • la poussée verticale,
  • le tirage horizontal,
  • le tirage vertical,
  • la rotation de buste,
  • et les contre-rotations.

Jonathan Pak

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